Comment le Fascisme Fonctionne

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Aujourd’hui, on parle de fascisme comme de généralités. Pour certains, le fascisme est partout, pour d’autre, le terme « fascisme » est toujours trop extrême. Selon ces derniers, seul Hitler et Mussolini pourraient être qualifiés comme fasciste.

Les mots ont un sens et je pensais pouvoir facilement trouver une définition de fascisme. Force est de constater que c’est beaucoup plus compliqué. L’idée m’est venu après avoir lu le livre Écofascisme d’Antoine Dubiau, qui, tout en étant très intéressant, ne définit pas le fascisme et m’a alors laissé sur ma faim. J’ai donc décidé d’en savoir plus en lisant le livre How Fascism Work de Jason Stanley. Si ce livre ne définit pas non plus le fascisme (mince), il explique au moins pourquoi : entre toutes les formes extrêmes de fascismes, il y a des points communs mais aussi des différences, ce qui rend difficile de définir un fascisme. Stanley tente de définir quels sont les points centraux des régimes, des politiques, et des discours fascistes afin de pouvoir appeler un fasciste « fasciste » sans se tromper.

En vous spoilant la conclusion dès le départ, selon Stanley, le fascisme est une distinction entre ceux appartenant à une nation basée sur un passé mythique permettant une distinction eux-nous, associé à une haine de « eux », en particulier les élites corrompues, le milieu académique et l’éducation, les états, les médias et les personnes luttant pour la liberté.

J’ai scindé mes notes de son discours en 8 parties :

  1. La nation et son histoire mythique
  2. La haine de l’éducation
  3. La haine de la liberté
  4. La haine des états et des médias
  5. La haine de la ville
  6. La haine de l’autre
  7. La haine des liens sociaux (autre que la nation)
  8. Conclusion

C’est parti.

La nation et son histoire mythique

Est-ce que le nationalisme est forcément fasciste ?

Le nationalisme est l’idée que la nation, l’idée d’appartenir à un même peuple indépendant des autres, est plus importante que les individus qui composent cette nation. Selon Stanley, deux sentiments nationalistes existent et doivent être différenciés.

Il y a un sentiment nationaliste motivé par l’oppression et un nationalisme motivé par le besoin de domination. Pour différencier les deux, il faut regarder leur relation avec l’égalité : est ce que le nationalisme créé de la marginalisation ?

De plus, il y a un nationalisme motivé par l’égalité peut rapidement devenir oppressif. Par exemple, le nationalisme serbe a utilisé la persécution subie durant la 2ème Guerre Mondiale pour justifier la persécution des populations musulmanes locales. L’unité nationale serbe a servi aux dirigeants serbes à justifier les guerres brutales, notamment au Kosovo (qui seront par la suite nommés des génocides et crimes contre l’humanité). Les groupes ciblés par les dirigeants serbes n’avaient aucun rapport avec leur oppression précédente. Quand les groupes au pouvoir utilisent le masque du nationalisme de l’oppressé, ou le fait d’avoir subi une oppression dans le passé, pour avancer leur propre hégémonie, ils l’utilisent pour détruire une forme d’égalité. Israël utilise en permanence son oppression passée pour asseoir sa domination sur la Palestine.

Ainsi, le nationalisme est au centre du fascisme.

Orban, le dirigeant Hongrois, utilise la peur irrationnelle des immigrants, et le passé mythique hongrois comme le défenseur supposé de la chrétienté européenne pour se présenter comme le dirigeant guerrier qui est assez brave pour défendre l’Europe chrétienne.

La rhétorique fasciste de la loi et l’ordre est créée pour diviser les citoyens en deux classes : ceux de la nation choisie qui sont justes par nature, et ce qui n’en font pas partie, qui sont de manière inhérente sans loi.

En février 2016, le parti fasciste suisse proposait une loi visant à exclure les migrants, incluant les migrants de deuxième et troisième génération, qui auraient violé la loi, même si c’est pour ne pas avoir payé de place de parking. La criminalisation des migrants, qui ne respectent pas la loi par nature, est un acte fondamental du fascisme. Les membres choisis peuvent faire des erreurs, les autres sont des criminels. Nous verrons d’autres exemples dans la partie sur la haine des libertés.

Enfin, les membres choisis par la nation font des manifestations ou des marches, les autres font des émeutes. James Baldwin disait que quand les hommes blancs se battent contre des oppressions, ils sont vu comme des héros, quand ce sont des hommes noirs, ce sont des hommes retournés à leur état naturel de sauvagerie.

La haine de l’éducation

L’objectif du fascisme est de détruire l’éducation et l’expertise. L’éducation n’est pas l’université. Il y a des disciplines universitaires fascistes : quand il n’y a qu’un point de vue légitime, celui de la nation dominante. L’éducation peut alors être un pilier pour introduire les étudiants vers un passé mythique.

La fonction du système éducatif fasciste est de glorifier un passé mythique, élever les réussites des membres de la nation et obscurcir les perspectives et l’histoire de ceux qui n’appartiennent pas à la nation. L’objectif est d’instiller de la fierté dans un passé mythique.

Il y a également des champs de recherche racistes. En 2007, Steven Pinker disait « le politiquement correct nous empêche d’étudier des sujets intéressants mais dangereux comme : est ce que les femmes, en moyenne, ont différents profils, aptitudes ou émotions qui les différencient des hommes, ou encore est ce que les juifs ashkénazes, en moyenne, sont plus intelligents que gentils grâce à une sélection de leurs ancêtres pour leur qualité de jugement dans la gestion monétaire ? Ou encore, est ce que les hommes afro-américains ont, en moyenne, des niveaux de testostérone plus élevés que les hommes blancs ? ».

Le problème avec ce type de question est qu’il prend pour principe une origine naturelle « mythique » des inégalités sous couvert d’un questionnement d’un courageux chercheur de vérité guidé par la raison, qui a pour noble but de chercher le noyau central du manque d’égalité. Et malgré tout, ce type de recherche est toujours produit et encouragé par une partie des chercheurs, à l’idéologie pour le moins suspecte.

La haine de la liberté

Pour les nazis, le féminisme était une conspiration juive pour détruire la fertilité chez les femmes aryennes. L’objectif des féministes était de détruire la race aryenne en proclamant l’indépendance économique des femmes.

Les fascistes utilisent la rhétorique carcérale pour réduire le droit des autres. Aux USA et au Canada, il y a eu une réduction drastique des crimes entre le début des années 90 et 2010. Le taux d’incarcération aux USA a augmenté de manière exponentielle alors qu’elle est restée la même au Canada. Cela amené à une preuve claire que l’incarcération n’a aucun lien avec le risque de crime.

La menace basique que la propagande fasciste utilise pour instiller la peur est que le groupe cible (les étrangers, les personnes différentes, les minorités) va violer les membres de cette population choisie, polluant leur sang. La peur du viol de masse est utilisé à la fois pour menacer la norme patriarcale de l’état fasciste et l’idée de masculinité de la nation. Les hommes fascistes ne s’intéressent à la protection des femmes qu’en tant que protection de leur gène vis-à-vis des menaces à leur sang.

L’anxiété sexuelle est aussi une base du fascisme. Un dirigeant politique fasciste voit la transidentité ou l’homosexualité comme une menace à la possibilité pour les hommes de protéger les femmes et les enfants. Le droit des femmes à l’avortement est un exercice de liberté. Les fascistes le voient comme une menace à la liberté des enfants, et au contrôle que les hommes ont de la possibilité d’avoir des enfants.

La haine des états et des médias

Les politiques fascistes ciblent l’expertise, en s’en moquant et en la dévaluant. En démocratie, les dirigeants doivent consulter des experts pour prendre les meilleures décisions possibles. Les dirigeants fascistes sont des « hommes d’action » qui n’ont pas besoin de consultation ou de délibération. Le dirigeant fasciste n’a pas besoin de doctrines, il ne croit qu’en les actes1 et mène ses actions vis-à-vis d’un mythe nébuleux.

Le fait de préférer l’action à l’expertise amène également à rejeter la complexité et le débat. Le fascisme masque la réalité sous une simplification. Hitler dira : « toute propagande efficace doit être confinée à des points précis qui doivent être amené à l’audience sous forme de courts slogans. »

Les mensonges évidents mais réguliers et répétés sont au centre du processus par lequel les politiques fascistes détruisent l’espace informationnel. Un dirigeant fasciste peut remplacer la vérité avec du pouvoir, en mentant sans conséquence. En remplaçant les mots par des personnes, en nous faisant juger les arguments selon qui le dit, les politiques fascistes nous rendent incapable de critiquer des arguments selon un standard commun pour tous.

Notons que l’idéologie nazie provient de l’idée des sages de Sion, un texte inventé par la police du Tsar Russe en 1912 expliquant comment les dirigeants juifs souhaitaient conquérir le monde. C’est Henri Ford, en 1925, qui a distribué plus de 500 000 copies de ce livre aux USA et dans le reste du monde (un exploit à l’époque où on n’avait pas d’imprimantes) qui a permis la propagation de ce mythe.

Une question politique est: pourquoi, si les politiciens fascistes mentent de manière régulière et répétée, ils n’attirent pas le dégoût ou ne font pas sentir qu’ils sont hypocrites ? Une manière pour eux d’éviter d’attirer le dégout est de se positionner en champion de la démocratie. Il ose dire tout haut ce que les autres disent tout bas, car il défend la liberté d’expression. De cette manière, il semble sincère là où il ne l’est pas. Le politicien fasciste maintient une idéologie de division et de conflit sans s’excuser.

Les inégalités économiques extrêmes sont toxiques pour les démocraties libérales car elles créent une illusion qui masque la réalité. Ceux qui bénéficient le plus des fortes inégalités sont enclins à croire qu’ils ont gagné leur privilège, une illusion qui les empêche de voir la réalité comme elle est. Cela les amène à privilégier une vision méritocratique, raciste, misogyne, validiste (etc.) des inégalités de richesse.

L’histoire de la citoyenneté libérale est celle de l’égalité devant la loi. Au contraire, l’idéologie fasciste postule que la nature impose des hiérarchies de pouvoir et de domination, en désaccord avec les théories démocratiques. Pour l’idéologie fasciste, les lois de la nature placent les hommes au-dessus de femmes, les travailleurs au-dessus des parasites2, les membres de la nation choisie devant les autres groupes.

Dans le cas d’un déclin d’empire, le fascisme s’illustre par le sentiment, de la part d’une population, d’une humiliation nationale qui peut être mobilisée par les politiques fascistes.

La haine de la ville

Le fascisme se développe principalement dans les petites villes et villages dans tous les pays. En France en 2017, Marine le Pen était au-dessus de Macron dans les villages. Plus exactement, Marine Le Pen s’est imposée dans plus de 18.100 communes contre plus de 16.900 qui ont soutenu Emmanuel Macron, soit plus de 1200 communes de plus. Elle n’a été en tête dans aucune grande ville et à Paris, 85% des votants ont voté pour Macron. Il y a une différence énorme entre les grandes villes et les villages en France.

De même pour Trump en 2016. La peur de l’immigration est toujours plus grande dans les endroits où l’immigration est faible et inexistante. La peur des fantômes est plus efficace que la peur de l’existant.

C’est ainsi que les politiques fascistes distillent l’insécurité partout. Trump dira en 2017 qu’il y a des ghettos dans chaque ville et qu’en sortant de chez soi on a des risques de se faire tuer. Dans le même temps, les villes des USA ont le taux de crimes le plus bas de l’histoire des statistiques sur les crimes. Les rhétoriques fascistes font croire, en particulier aux ruraux, que les villes sont les centres des désastres et des pestilences, contiennent des ghettos terribles ou les minorités violentes vivent du travail des autres. Et les ruraux vont avoir peur, croyant les fascistes sur parole.

En effet, dans le fascisme, l’état est un ennemi, et doit être remplacé par la nation, qui consiste en des individus qui se suffisent à eux-mêmes qui choisissent collectivement de se sacrifier dans un but commun, une glorification religieuse ou ethnique. Ce but est associé à une obsession de l’augmentation de la natalité ou des familles larges sont éduquées par des femmes restant à la maison. La réduction du nombre d’enfant est vu comme une conséquence du cosmopolitanisme dans les grandes villes, où les femmes ont trop de liberté et les hommes pas assez de contrôle. En 1927, Mussolini disait que l’augmentation de l’infertilité est en lien direct avec la croissance monstrueuse des villes. Les métropoles comptent de plus en plus sur les zones rurales pour les alimenter sans produire de bénéfice pour la nation. Les villes nécessitent des infrastructures publiques, de l’état, pour survivre. Les urbains ne chassent ou ne produisent plus leur nourriture comme le veut la mythologie fasciste : ils l’achètent au magasin. Ils ne savent plus tuer leur nourriture, ils ne savent plus à quoi ressemble leurs plantes. Le fascisme reconnait la notion d’auto-suffisance agricole.  Dans le fascisme, c’est la nation qui produit la nourriture grâce à l’effort, pas l’état pour le confort.

La haine de l’autre

Pour l’idéologie fasciste, en temps de crise, la nation doit réserver son soutien au membres choisis, les « nous », provenant d’un même peuple lié à une même terre et ne doit rien laisser à « eux », ceux qui ne font pas partie de la nation. « Eux » sont paresseux, oisifs, n’ont pas d’éthique, ne peuvent pas être cru car ils sont des criminels qui vivent sur la largesse de l’état. «Eux» sont ceux qui ne vivent pas comme nous, qui ne pensent pas comme nous, qui ne sont pas né au même endroit que nous, et qui refusent d’être dominé par nous. Dans une politique fasciste, les paresseux et les déviants peuvent être guéris par un travail laborieux. C’est ainsi que les portes d’Auschwitz arboraient le symbole « le travail rend libre ».3

Cela signifie que pour les fascistes, les étrangers, les handicapés physiques et mentaux, les femmes ne pouvant ou ne souhaitant pas enfanter, et les personnes qui refusent l’idéologie fascistes ne sont tolérées que s’ils travaillent dur. Dès lors qu’il refusent le travail imposé, ils peuvent être considéré comme des criminels.

Le manque de réalité fasciste est un prélude aux lois fascistes. Une fois que les fascistes sont au pouvoir, ils peuvent rendre leurs fantasmes possibles grâce à leurs lois. En prélude aux génocides, les fascistes vont artificiellement créer des conditions dans lesquelles l’état va légitimer les traitements infligés aux populations. Par exemple, en expropriant des populations pour les rendre pauvre, on peut les forcer à voler ou commettre des crimes qui permettrons de mener une politique répressive contre eux.

Exemple du Myanmar : En 2017, le gouvernement du Myanmar a ordonné que les Rohingya se déplacent entre des états ce qui nécessite de l’argent et du temps que beaucoup de Rohingya n’avaient pas. Cette obligation de déplacement les empêchait de trouver du travail, ce qui les empêchaient alors d’avoir l’argent nécessaire pour effectuer ces déplacements. Ils étaient alors menés dans des camps de prison pour violation du droit au déplacement.

Exemple de la France : Frantz Fanon, psychiatre, a écrit en 1952 le livre, peau noire, masques blancs. Il y livre une description du traitement de la police française auprès des Algériens. Il y décrit que les Français ont un stéréotype de l’arabe comme étant impossible à faire confiance, sournois, sale etc. Fanon indique que ce stéréotype a été créé par la manière dont la police française traite les arabes. Tout le monde aurait un air sournois et fuyant s’il se faisait aléatoirement arrêter et fouiller par la police en plein jour pour aucune raison. C’est la seule réponse rationnelle à ce type de traitement. Ce sont les pratiques des policiers français qui ont créé le stéréotype. Fanon conclut : c’est le racisme qui créé l’infériorisation. C’est ces distinction eux-nous propre au fascisme, associé à un traitement différent de « eux », qui créé les conditions du racisme et de l’infériorisation (en ce sens, les textes de Frantz Fanon impliquent que la police française est structurellement fasciste).

La haine des liens sociaux (autre que la nation)

Dans l’origine du totalitarisme, le sous-titre est une société sans classe. Arendt y explique que le fascisme nécessite l’atomisation de la société. Les syndicats créent du lien entre les individus selon leur classe sociale plutôt que selon leur race, leur religion et idéologie. C’est ainsi que les syndicats sont toujours une cible du fascisme.

Le fascisme partage avec le darwinisme social l’idée que la vie est une compétition pour le pouvoir, et la société est divisée selon les besoins du marché libre de la compétition. Pour avoir une vie pleine de sens, pour le darwiniste social, il faut s’élever au-dessus des autres par le travail et le mérite, avoir survécu une compétition féroce pour les ressources.

Dans cette idéologie, on mesure la valeur à la productivité, et suppose de fait que les personnes qui ne sont pas membre de la nation sont paresseuses par nature.

On pense souvent le fascisme comme anti-individualisme. Cependant, Hitler encensait à la fois les valeurs individuelles et méritocratiques. C’est la conception du darwinisme social de l’individu qui fonde la structure de la hiérarchie fasciste et explique la paresse. Les groupes sont ordonnés par le fascisme selon leur capacité à réussir, à s’élever parmi les autres, dans le labeur comme dans la guerre. Hitler dénonce la démocratie comme étant incompatible avec l’individualité, car elle ne permet pas à l’individu de s’élever par rapport au autres grâce à une lutte compétitive.

Le fascisme va de pair avec le capitalisme.

Hitler disait que dans les entreprises privées, quand un PDG donne un ordre, les employés doivent les suivre, il y a pas de place pour la gouvernance démocratique. Ainsi devrait être la politique.

Dans l’idéologie fasciste, toutes les institutions, la famille, l’entreprise, et l’état, doivent fonctionner selon le principe du guide. Le père, dans l’idéologie fasciste, est le chef de la famille, le PDG le chef de l’entreprise, le dirigeant autoritaire le chef de l’état.

Conclusion

Tous les mécanismes présentés se fondent les uns sur les autres, et se soutiennent. Ils forment une base de distinction entre « eux » et « nous » selon une fictionnalisation d’un passé mythique d’une nation grandiose, et supporté par un ressentiment vis-à-vis d’une élite libérale corrompue qui prend l’argent durement gagné et menace nos traditions. « Ils » sont des criminels paresseux dont la liberté est gâchée et qui ne la méritent pas. « Ils » masquent leur but destructeur avec le langage de la liberté ou de la justice sociale alors qu’ils veulent détruire notre culture et nos traditions en nous affaiblissant. « Nous » sommes laborieux et d’honnêtes citoyens, ayant gagné notre liberté à la force du travail ; « ils » sont paresseux, pervers, corrompus, et décadents.

La normalisation de l’extrême droite transforme des morales extraordinaires en ordinaire. Cela nous amène à tolérer l’intolérable en amenant à penser que leur discours est normal, et a toujours été toléré. Le terme « fascisme » est devenu extrême, comme si on parlait du loup. Plus personne n’est fasciste car semble-t-il tout le monde est fasciste. Le terme fasciste semble être une surréaction, même dans les sociétés ou les idéaux fascistes sont fortement implémentés dans les politiques et les médias. La normalisation est exactement le fait que ces extrêmes idéologiques ne soient plus reconnues comme telles car précisément, elles deviennent normales. Le terme fasciste continue de sembler extrême, tandis que les fascistes, eux, semblent de plus en plus normaux.

De notre capacité à juger le fascisme comme il est permet de juger sa capacité à devenir la norme, ou de la rejeter.

  1. « On passe trop par la loi dans notre république ». Macron, 2023. ↩︎
  2. « Si j’étais chômeur, je n’attendrais pas tout de l’autre, j’essayerais de me battre d’abord. » Macron en 2015. Exemple d’une vision fascite pour laquelle il faut forcement se battre contre les autres pour survivre, et au détriment de la qualité de vie de l’autre. ↩︎
  3. C’est ainsi qu’en 2024, la ministre du travail peut dire que « l’émancipation passe par le travail ». ↩︎

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